Réalisée vers 1916, il
s'agit d'une oeuvre relativement tardive par rapport à l'apogée du
mouvement; en effet, à cette époque, les productions symbolistes
commencent à devenir plus rares car la réalité de la 1ère guerre
mondiale fait redescendre les artistes de leur nuage.
C'est également une
réalisation assez tardive dans l'oeuvre de Khnopff, cinq ans avant la
mort de l'artiste.
Dans ses paysages, Khnopff
s'inspirait surtout des décors de Bruges et des Ardennes. Dans le cas
présent, il s'agit d'un paysage de Fosset, lieu où le peintre passait
ses vacances, étant enfant.
Il choisissait le paysage
davantage pour leur charge émotionnelle que pour leur valeur plastique;
il préférait le monde du souvenir qu'il envisageait comme une synthèse
du réel. La matérialité, la vie est toujours absente du tableau. |
Et la vie s'ouvre à moi…
Dans ce tableau, je vois la vie, avec
tous ses choix, celui d'aimer ou de haïr, de prendre ou de
laisser, de vivre ou de mourir; tous ces choix feront que
nous prendrons des chemins différents selon notre décision
qui sera peut-être la mauvaise ou pas…
La vie est pleine de clarté, de coins
magnifiquement paisibles, comme celui-ci, d'étendues
interminables qui nous font ressentir que nous ne sommes
qu'un être parmi tant d'autres qui ont l'occasion de
contempler un spectacle aussi merveilleux que celui que nous
offre la nature, comme sur ce magnifique tableau.
Chaque mystère a sa clé mais encore
faut-il la trouver. La vie est un mystère qui nous mène à sa
solution, son secret est bien gardé et seul le destin
connaît la vérité. Il se joue de nous et de notre
vulnérabilité liée à nos sentiments qui peuvent nous élever
très loin ou nous enfoncer très bas. Devant nous, la vie est
immense et, une fois arrivé au bout, beaucoup se disent: "je
recommence".
Les couleurs chaudes et lumineuses de
cette œuvre me font penser à l'été dont on profite au
maximum avant que l'automne n'arrive, c'est un peu comme la
vie dont on ne profite jamais assez.
Ce chemin au beau milieu de la nature
mène assurément quelque part mais où? Peut-être nous
conduit-il à cette vie polluée, noircie par tous ces gens
qui ont choisi des chemins en pensant uniquement à leur
bien-être. La ville est probablement au bout, avec ses
couleurs tristes de l'hiver, ses grands bâtiments, ses gens
pressés, ses animaux perturbés, ses routes. Toutes ces
choses qui rassurent l'être humain et qui font naturellement
moins peur que cette grande étendue inconnue. Ce petit
confort s'offre à eux, pourquoi le rejeter? Pourquoi ne pas
en profiter? De toute façon, dans moins de cent ans, ils ne
seront plus là pour constater les dégâts. Alors pourquoi se
priver? La vie s'ouvre à moi, j'en profite.
Au bout du chemin, il y a la ville où
tout le monde est pareil et où personne ne remarque
personne, cette vie où personne ne sera là pour vous dire…
que la mort était là.
Clémentine Hemeryck |
La bruyère rose, ce nom vous
évoque-t-il quelque chose ? Je l’ai découverte sur le Net ,
le plus grand musée de notre siècle. Dans la galerie Khnopff,
je me suis arrêtée pour contempler cette toile colorée. Du
peintre, je ne connaissais rien si ce n’est le symbolisme de
ses dessins. A mi-chemin entre la terre et les cieux, cette
peinture fut un régal pour mes yeux.
D’un point de vue divin, je
surplombais le paysage. Je me sentis transportée par cette
nature d’où émanait la sérénité. Cette aquarelle me semblait
sans limite. Le tableau ne fixait pas le paysage, il le
laissait s’étendre au-delà de la ligne d’horizon.
Un arc-en-ciel se diluait sur
le sol, ses couleurs se fondaient doucement. Du vert au
rouge, du rouge au vert, mon regard chavira. L’écarlate
délavé était tacheté d’espérance et l’émeraude souillée de
sang : quel curieux mélange ! Deux couleurs que la vie
oppose unissaient leurs teintes. A l’horizon, elles
s’éclaircissaient. Le rouge tendait au rose et le vert
engendrait le bleu.
Cette immensité était partagée
par un sentier de lumière. Un rayon solaire s’était abattu
sur le plateau. Sinueux, il se perdait en des confins
lointains. Une tache rouge accentuait le premier virage du
chemin. J’imaginais que jadis un bain de sang avait dû
troubler cet endroit paisible et était resté gravé à jamais
dans les reflets des bruyères et des genêts.
Le ciel, dernier élément de
cet infini, était embué de nuages gris clair qui devaient
dissimuler un soleil lointain. Le fond céleste était un
mélange de bleu pastel et de blanc, couleurs virginales. La
froideur de cette combinaison s’opposait à la dominante
chaude du sol.
Quel génie de la composition,
ce Khnopff !
Cette aquarelle est une pure
merveille qu’il serait dommage de ne pas contempler…
Gwendolyn
Lacroix
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